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Embrouilles dans l’assiette et dans le verre

Dernière mise à jour : 15 déc. 2020


Boire et manger exigent un peu de bon sens. Un mille-feuille n’a pas mille feuilles et un haricot de mouton est un ragoût sans haricot ! Comprendre ce que l’on mange, exige également une culture juridique. Réglementairement, la saumonette n’est pas un petit saumon, mais du requin. En Champagne, en Bourgogne… les Premiers crus ne sont pas les premiers, car passent devant eux les Grands crus ! Autre « coup tordu », plus le numéro est petit plus l’huître est grosse !

Le droit doit être accessible, mais également intelligible. Ce principe de sécurité juridique, de valeur constitutionnelle, consacre un « droit à comprendre le droit » ! Pourtant…

Si, d’ordinaire, le droit alimentaire a vocation à interdire et sanctionner les tromperies, falsifications et autres déloyautés, et ce selon des formulations claires et précises, le titre de cet ouvrage signe l’originalité du propos de l’auteur Jean-Paul BRANLARD.


Prendre le contrepied et montrer que, parfois, le droit lui-même, contribue, peu ou prou, à induire en erreur mangeurs et buveurs. Un comble ! Ainsi encore, des normes antinomiques coexistent, des exceptions obscurcissent les règles, des catégories juridiques perdent leur netteté, leur clarté... Menteries, subtilités, curiosités et embrouilles du droit alimentaire sont ici pointées par le juriste du boire et du manger. Un œil gourmand rivé sur l’assiette et la bouteille, l’autre, étonné, balaye un corpus juridique qui renvoie une image brouillée.


Cet aspect « piquant » des imbroglios juridico-alimentaires, culinaires et gastronomiques auquel on ne s’attend pas est illustré par une quarantaine d’exemples (parmi les plus cocasses du genre), selon un style mêlant sérieux et humour, gommant l’aspect souvent « indigeste » des normes juridiques. Ainsi, le droit, un tantinet bonimenteur, nous fait prendre des pétoncles pour des noix de saint-Jacques ! Chez le boucher ou au restaurant « bœuf » désigne indifféremment en toute légalité du bœuf ou de la vache, ce qu’il est le plus souvent. Ainsi encore, la recette judiciaire, mais néanmoins savoureuse, du Coq au vin sans coq et sans vin ! L’homme boit aussi. Qui commande « un demi de bière » n’en recevra pas un demi-litre, mais un quart. Une boisson au titre d’alcool en volume inférieur ou égal à 1,2% peut se présenter « sans alcool », ce qui n’est pas sans importance, pour ceux qui, par exemple, prient le Prophète. En droit vitivinicole, de nombreux « châteaux » - et pas que dans le bordelais - n'en ont que le nom. Après une telle lecture, vous ne consommerez plus de la même façon.


L’ouvrage (16x24 cm, 176 p., 20 €, publié aux Editions ESKA) destiné au grand public, gourmand et curieux des « envers de décors », a reçu le « Prix littéraire du droit de la gastronomie 2020 » décerné par la Commanderie Internationale des Cordons Bleus de France.

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